«L’essentiel est de croire en ce qu’on joue»

«L’essentiel est de croire en ce qu’on joue»

Créer l’illusion et laisser croire au public qu’il assiste à un récit épique où des protagonistes aux pouvoirs sans limite s’affrontent pour le bien et le mal. C’est le défi de la catégorie «Marvel & films de superhéros», souvent très appréciée en match d’improvisation car elle permet d’apporter du mouvement et de l’action au spectacle. Adrien Laplana, comédien et formateur pour Impro Suisse, donne cet été un stage entièrement dédié à cette thématique. Il détaille pour nous ses principes et ses codes.

Adrien, en tant qu’improvisateur, qu’est-ce qui te plaît dans l’univers de Marvel et des films de superhéros?

À la base, j’apprécie beaucoup l’univers fantasy. Je suis par exemple un grand fan du Seigneur des anneaux. Avec l’univers de Marvel, on est dans la continuité. J’affectionne tout particulièrement le côté héroïque et épique qui ressort des scènes. Il y a toujours du mouvement et de l’action. J’aime aussi le développement des personnages dans ce type de films, qui est plus complexe que ce qu’on pense. Un personnage n’est jamais tout noir ou tout blanc et j’aime explorer cette dimension.

Pour l’improvisation, c’est une catégorie très intéressante, même si tu n’es pas forcément un passionné de cet univers. Car il s’agit d’une excellente porte d’entrée vers des notions toujours très utiles pour la pratique de l’impro en général: construction de personnages, travail sur le visuel et les mimes, traitement d’enjeux narratifs simples. Ce sont des compétences transversales qu’on aborde facilement grâce au travail sur les superhéros.

L’abondance de films Marvel et DC1 ses dernières années au cinéma ne t’a pas lassé?

Non, pas du tout. J’ai vraiment croché. Je crois que j’ai besoin de suivre un univers qui permet à mon imaginaire de s’emballer. Avec Marvel, je trouve qu’il y a toujours un très bon dosage entre humour, histoires épiques et personnages attachants. Les films de DC sont un peu trop sombres à mon goût. Je préfère l’aspect plus enfantin de Marvel.

Un film des Avengers coûte environ 300 millions de dollars à produire et compte des milliers d’effets spéciaux. Comment transposer cela sur une simple scène?

Il faut tout d’abord maîtriser les codes. Pour les scènes de combat, on va s’entraîner pour disposer d’automatismes communs et s’en servir en impro. Mais l’essentiel concerne surtout la conviction des improvisateur·rice·s. Le risque majeur est de penser que ce qu’on va produire sur scène sera cheap ou cliché. Alors on commence à décaler les scènes en faisant des blagues, à sous-jouer les émotions, et c’est à ce moment-là qu’on risque de perdre le public.

Il faut surtout avoir confiance en ce qu’on joue. Si l’on y croit, ça marche, cela devient spectaculaire et on transmet quelque chose au public. La solution pour que nos scènes fonctionnent est de croire sincèrement aux combats, aux pouvoirs, aux effets visuels. Bien évidemment, une bonne régie qui peut suivre les comédien·ne·s avec une technique adaptée, c’est un plus, mais l’essentiel est d’y croire. Par exemple, lorsqu’un personnage meurt, il faut installer la scène, prendre son temps et lui donner de l’importance. Si on expédie de telles scènes en 4 secondes, cela signifie qu’on n’a pas suffisamment nourri le personnage et renforcé ses enjeux.

Comment vois-tu l’avenir du Marvel Cinematic Universe au cinéma après une longue période de disette?

Je suis assez confiant. Il y a plusieurs films qui traiteront de la question du multiverse, avec des voyages dans des univers parallèles, par exemple avec deux Spiderman qui se rencontrent. Cela risque de complexifier la narration, mais je trouve ça hyper intéressant. Bien sûr, il y aura des mauvais films, c’est inévitable, mais je suis plutôt impatient de découvrir la suite.


1 Dans l’univers Marvel (Disney), on retrouve notamment les films des Avengers, Iron Man, Captain America, Thor, Spiderman, etc. Dans celui de DC (Warner Bros), ce sont les personnages de la Justice League avec Superman, Batman ou Wonderwoman qui sont à l’honneur.

Propos recueillis par Eric Lecoultre

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